Philosophie – Corrigé sujet national BAC 2014 des séries technologiques : ST2S, STMG, STI2D, STD2A, STL, Hôtellerie
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Corrigé
1. Platon soutient dans ce texte que l'homme injuste et impuni est le plus malheureux des hommes. Il prend ainsi à contre-pied l'opinion largement répandue selon laquelle l'homme ayant le pouvoir de suivre ses désirs, sans souci de justice ni d'une quelconque punition, jouit du plus grand bonheur.
Pour démontrer cette thèse audacieuse, Platon fait s'entretenir Socrate, son
maître, et Polos, un jeune sophiste, élève de Gorgias.
Dans un premier temps, Socrate annonce sa thèse sans détour : l'homme qui
commet les pires injustices sans en subir le moindre châtiment, et
« garde » ainsi son injustice en lui, est le plus malheureux des
hommes. Tel est, selon Socrate, le sort qui attend les tyrans et tous ceux qui
abusent de leur puissance, à l'instar d'Archélaos que Polos crut pouvoir
imaginer heureux au milieu de toutes ses injustices.
Dans un deuxième temps, Socrate étaye son affirmation en s'appuyant sur une
comparaison suggestive : l'injustice est dans l'âme du tyran, semblable à
la maladie dans le corps d'un malade. Tel un enfant effrayé par le remède du
médecin, l'homme injuste craint la punition de ses crimes, parce qu'il
l'imagine plus douloureuse que le mal dont il souffre.
C'est pourquoi il faut convenir avec Socrate, dans un dernier temps, que
l'homme injuste est « aveugle » au vrai bien qui procure la santé de
l'âme. Ne voyant dans la punition que la souffrance qu'elle inflige et non le
soulagement et la guérison qu'elle entraîne, l'homme injuste fuit la punition
comme l'enfant malade refuse son remède. La condition de l'homme injuste est
par conséquent la plus lamentable qui soit car son âme est à ce point corrompue
par le mal qui la ronge (l'injustice) qu'elle en vient à refuser, par
ignorance, le remède qui lui rendrait la santé.
2.
a) L'homme injuste qui ne purge pas son injustice dans
un juste châtiment la garde en soi à la manière du malade qui, refusant un
remède trop amer, garde en lui la maladie qui corrompt sa santé. C'est pourquoi
on ne peut, en dépit des apparences, s'imaginer le tyran Archélaos
heureux : l'injuste exercice de sa puissance satisfait sans doute
l'appétit de son désir, mais il instille l'injustice en son âme qui se dérègle
et se corrompt. S'il tyrannise les autres, il n'est pas moins tyrannisé
lui-même par l'injustice qui occupe son âme.
Dès lors, il faut admettre, d'après Platon, que le sort de celui qui subit les
pires souffrances en rémission de ses crimes est plus enviable que le sort de
celui qui échappe à la justice. Car s'il n'endure pas la férule d'un juge et
s'épargne ainsi les douleurs du châtiment, le tyran impuni n'en connaît pas non
plus le bénéfice. Aussi, étant donné qu'il garde en lui l'injustice dont il
refuse de s'expurger, son âme demeure à jamais empoisonnée par l'injustice qui
corrompt sa santé et donc tout bonheur possible.
b) Le cœur de l'argumentation de ce texte repose sur l'identification de l'injustice à une maladie de l'âme. Platon introduit cette idée au moyen d'une comparaison de l'homme injuste (le tyran) et de l'enfant souffrant d'une maladie du corps. L'un et l'autre souffrent du mal qui corrompt leur âme ou leur corps. Mais ils redoutent davantage encore le remède qu'ils imaginent plus douloureux que leur maladie. La guérison des maladies graves se fait, il est vrai, rarement sans douleur. C'est pourquoi la punition, qui est le remède à l'injustice, est si redoutée par celui dont l'âme est la plus déréglée. Par ce rapprochement éloquent, Platon explique ainsi pourquoi nous pensons ordinairement que la condition de l'injuste impuni est heureuse et enviable : à la manière d'un enfant, nous nous figurons que l'exercice immodéré de sa puissance sans souci de justice lui procure quantité de biens qui le rendent heureux et qu'à l'inverse la punition qui le frappe est un mal qui lui retire le profit de ses forfaits. Or, il faut rétablir l'ordre des valeurs : semblable au remède, la punition n'est un mal que pour celui qui n'aperçoit pas le bien qu'elle procure et juge sa maladie préférable à sa santé.
3.
Introduction
Quelque indignation morale qu'elle nous inspire, la vie des hommes qui peuvent satisfaire tous leurs penchants sans souci de justice ni crainte d'aucun châtiment nous semble la plus heureuse qui soit. Quel homme ne s'est jamais pris à rêver du bonheur que lui procurerait une existence délivrée de l'interdit des lois ? L'appétit du pouvoir ne fournit-il pas la preuve que le bonheur augmente à mesure qu'on est moins tenu de rendre des comptes à la justice et aux autres hommes ?
I. L'injustice procure plus sûrement le bonheur que la pratique de la vertu
1. La vertu n'est pas le bonheur
La vertu ne vise pas le bonheur, mais l'accomplissement de notre devoir. La justice n'est pas le moyen d'être heureux, mais une fin en soi qui ne nous prémunit pas du malheur.
2. Le vice est utile au bonheur
En revanche, l'injustice, parce qu'elle ne recule devant rien, fait usage sans état d'âme de tous les moyens susceptibles de lui procurer le bonheur. De sorte que les mille ruses du vice sont plus à même de nous procurer les plaisirs de la vie.
3. L'injustice impunie est le bonheur même
Que l'injustice impunie procure le bonheur, c'est enfin ce que montre la fable de Gygès, rapportée par Platon : le bonheur paraît enfin accessible lorsque le risque du châtiment est levé par l'enchantement d'un anneau magique qui garantit à son détenteur une impunité absolue.
Cependant, en donnant libre cours à ses désirs, l'homme injuste n'en est-il pas la première victime ? Le tort qu'il cause aux autres n'est-il pas la conséquence d'un malheur qui le frappe en premier lieu ? Le dérèglement de l'âme injuste ne l'abîme-t-elle pas dans les déchirements et les souffrances ?
II. L'injustice est un mal qui corrompt le bonheur
1. L'injustice : obstacle au bonheur
L'injustice empoisonne le bonheur de celui qui le recherche sans égard pour la vertu. L'injustice est en effet un état misérable, semblable à une maladie qui corrompt l'âme humaine : enflée par des désirs insatiables qui ne connaissent pas les limites de la justice, l'âme se trouve ainsi tyrannisée au plus profond d'elle-même.
2. La justice est préférable et procure un vrai contentement
À l'inverse, le respect de la justice procure à l'individu une juste estime de soi qui est le vrai contentement de l'âme saine. En refrénant l'illimitation de ses désirs, l'âme maintient un juste équilibre entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Elle vit alors en accord avec elle-même, conserve la maîtrise de soi et accède ainsi au bonheur.
3. Les infortunes de la vertu
Toutefois, n'arrive-t-il pas que l'homme juste connaisse les plus grands malheurs ? N'est-ce pas le sort que connut Socrate lui-même, condamné à subir le châtiment d'injustices qu'il n'avait pas commises ? Si le bonheur est inaccessible à l'homme injuste, il n'est jamais garanti par la pratique de la justice. Si la justice et l'injustice ne nous permettent pas d'éviter le malheur, que choisir ?
III. La vertu de justice suppose l'espérance d'un bonheur en récompense
1. Fragilité de la vertu sans le bonheur
Convenons-en : les hommes heureux sont mieux disposés à pratiquer la justice car, comme l'a souligné Kant, la tentation de commettre l'injustice qui soulage du malheur (voler lorsqu'on a faim, etc.) est moins grande.
2. L'espoir soutient la vertu
Si les grandes âmes n'attendent pas d'espérer pour entreprendre, nous sommes d'ordinaire trop faibles pour agir avec justice au milieu des malheurs auxquels une telle conduite nous expose. À quoi bon être juste si la vie n'en assure pas la récompense ? Craignant que nous désespérions de la justice, Platon, Rousseau ou encore Kant estiment ainsi nécessaire le secours d'une espérance dans le bonheur des justes. De quoi s'agit-il ?
3. La morale repose sur une espérance rationnelle, un pari
Il faut en effet espérer qu'une réconciliation de la justice et du bonheur s'opère dans une vie future de sorte qu'il ne nous paraisse pas vain d'être juste en cette vie. C'est là l'objet d'une croyance raisonnable ou, pour parler comme Pascal, d'un « pari », qui fait apparaître le lien de la morale à la religion.
Conclusion
L'injustice impunie ne procure pas le bonheur. La poursuite immodérée des objets du désir, qui est la cause de l'injustice, livre en effet l'âme à la tyrannie d'une puissance qu'elle ne maîtrise pas. L'âme souffre alors de l'injustice comme d'une maladie qui compromet à la fois son équilibre et son aspiration à la justice.
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Philosophie – Corrigé sujets BAC 2014 / 2015 des séries technologiques : Sciences et Technologies du Management et de la Gestion (STMG)